Page:Lefèvre-Deumier - Le Parricide, 1823.djvu/171

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Le silence régnait à la place du jour,
Quand sous de frais rameaux s’en vint un troubadour,
Récemment arrivé des guerres de Syrie,
Égarer de ses chants la molle rêverie.
Un rossignol veillait dans son nid commencé ;
Aux sons brillans du luth l’oiseau s’est avancé :
Il les apprend tout bas, et ce qu’il vient d’apprendre,
Son gosier moins timide osant enfin le rendre,
Il fait parler l’amour du jeune musicien
Comme au fond de ses bois il fait parler le sien.
Le ménestrel s’étonne à tant de mélodie,
Et commence à sentir sa lyre moins hardie ;
Il soulève la tête, et d’un œil curieux
Il cherche ce rival qui doit venir des cieux.
De sa voix déliée admirant la souplesse,
Il veut à d’autres chants provoquer sa faiblesse,
Et d’un écho si tendre effrayer les efforts.
Ce n’est plus le bonheur qui rit dans ses accords,
Ce n’est plus de l’amour le langoureux délire ;
C’est la main du dieu Mars qui bondit sur la lyre :