Page:Lefèvre-Deumier - Le Parricide, 1823.djvu/189

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Il neigeait. Mélœnis, blanche fille de l’Onde,
Au-dessus des glaçons levant sa tête blonde,
Éveille, par ses cris, les Nymphes des forêts,
Celles qui sous les eaux dérobent leurs attraits,
Et celles qui, suivant la vierge chasseresse,
Portent, de monts en monts, leur arc et leur adresse.
Accourez, leur dit-elle, et tandis qu’Apollon,
Guidant son char de feu loin de ce froid vallon,
De nos teints immortels ne peut brunir l’ivoire,
D’un combat pacifique essayons la victoire.
Vers la plaine, à ces mots, elle voit se hâter
Les nombreux bataillons qu’elle, vient d’exciter,
Et de leurs blancs guerriers l’innocente famille
Sur la neige honteuse, en riant, s’éparpille.
En globes mollissans l’albâtre s’arrondit ;
Sous ses armes bientôt chaque guerrier bondit ;
Sur le luth de Lesbos, où sa main se promène,
Le signal est donné par la docte Eurymène ;
La bataille s’engage, et feignant le courroux,
Les Nymphes à l’envi lancent d’humides coups.