Page:Lefèvre-Deumier - Le Parricide, 1823.djvu/203

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Ne sont rien près des jours qui me sont calculés.
L’éternité toujours s’ouvre devant mon âme.
Le besoin d’y plonger me dévore et m’enflamme,
Mais j’ai soif de la mort sans me désaltérer.


LE CHASSEUR.

Qu’as-tu fait pour la vie, et pour t’en délivrer ?
Tu parles de vieillesse, et rien sur ton visage
N’en offre à nos regards le plus léger présage.
Tes traits sont loin encor d’en connaître l’affront,
Le temps, comme le mien, n’a pas ridé ton front.


MANFRED.

Crois-tu que le temps seul gouverne l’existence ?
Il lui faut contre nous notre propre assistance :
C’est l’âme qui nous use et règle nos instans ;
Les actions, pour nous voilà les pas du temps.
Combien il a marché depuis que je respire !
Où finit donc du temps l’interminable empire !
Combien j’ai dévoré, dans mes sombres ennuis,
D’impérissables jours, et d’éternelles nuits !
Et ma vie est semblable à la grève déserte,