Page:Lefèvre-Deumier - Le Parricide, 1823.djvu/228

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De la harpe d’Erin je me croyais le maître ;
Ces jours d’illusion ne pourront-ils renaître ?
Et cette jeune fille au teint blanc, à l’œil noir,
Qui venait près de moi répondre au chant du soir ;
Qui souvent à mes pas, empreints sur la poussière,
S’aperçut que la nuit je gardais sa chaumière ;
Et qui souvent tremblante à mes moindres aveux,
Me voilait sa rougeur avec ses longs cheveux,
A-t-elle disparu comme une ombre légère ?
Au pays des humains était-elle étrangère,
Et comme le bonheur faible enfant du sommeil,
S’est-elle évaporée aux rayons du soleil ?
Plût au Ciel que ses yeux, si naïfs dans leur grâce,
Eussent été pour moi comme un éclair qui passe,
Et sa voix, qui toujours dans mon âme battait,
Un zéphir matinal qui soupire et se tait ;
Plût au Ciel, et mon cœur en butte à la tristesse,
N’eût pas pour l’obtenir envié la richesse,
Qui sur des bords lointains croît auprès du danger.
Hélas ! j’ai des trésors, et sans les partager ;