Page:Lefèvre-Deumier - Le Parricide, 1823.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Malgré tous ses efforts, n’aurait pu s’extirper.
Pourquoi, lorsque nos pleurs cherchent à s’échapper,
Suspendre par orgueil le bienfait de leur course ;
On ne les tarit point, ils rentrent à leur source ;
Ils retombent dans l’âme, et leur baume divin,
Au lieu de l’apaiser, s’aigrit de son chagrin ;
Pour ne jamais la perdre il en prend l’amertume,
Et des pleurs qu’on bannit le poison nous consume.
Toujours de plus en plus miné par ce poison,
Insensible à la gloire, à son rang, à son nom,
Et n’ayant plus pour tout qu’une âme indifférente,
Raymond n’éteignit point la flamme dévorante,
Dont les replis rongeurs environnaient ses jours.
Souvent de sa tendresse il sentait des retours,
Pour ceux qu’avait punis sa justice homicide.
S’il avait espéré, pour combler un tel vide,
Rejoindre un jour le fils qu’il avait fait périr,
Bientôt Raymond peut-être eût cessé de souffrir.
Mais il n’espérait rien, et toute sa vieillesse
Ne fut qu’un long tissu d’ennuis et de tristesse.