Page:Lefèvre-Deumier - Le Parricide, 1823.djvu/94

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Il entra dans son cœur une flamme jalouse.
Eudoxe demandait à l’avoir pour épouse ;
Elle disait : « Eudoxe, il me faudra mourir,
« Tout ce que vous verrez je ne puis le chérir ;
« Votre âme est libre, et moi la mienne est prisonnière,
« Vous ne m’aimerez plus de la même manière ;
« Entre nous deux déjà tout n’est plus partagé,
« Tout va changer pour nous, si tout n’est pas changé. »
Eudoxe lui disait : « O toi seule es ma vie,
« Que ne peux-tu savoir combien ma main ravie
« Sent mieux frémir ta main depuis que je la vois ;
« Combien ta bouche est belle au souffle de ta voix.
« Tu crois que la beauté tient au nom que l’on aime,
« Et je l’ai cru, ma sœur ; je m’abusais de même :
« Mais la beauté c’est toi, c’est ce que j’ignorais ;
« En te voyant, ma sœur, j’ai cru que je mourrais. »
« — Voilà ce que j’ai craint, tu m’aimes davantage,
« Et moi, je ne puis pas ; tu changes de langage,
« Et moi, je suis contrainte à conserver le mien ;
« Le monde que j’habite est différent du tien.