Page:Lefèvre-Deumier - Le Parricide, 1823.djvu/96

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Eudoxe avec chagrin vit la noire tristesse
Se mêler à la fleur du teint de sa maîtresse.
S’ils allaient s’égarer dans champs, dans les bois,
En vain sur ses plaisirs il contraignait sa voix :
« À quoi donc penses-tu, lui disait Léonie ?
« Du chant de ces oiseaux j’écoute l’harmonie,
« Eudoxe, et cependant j’aime mieux tes discours,
« Et malgré ces oiseaux je les entends toujours,
« Mais toi qui peux les voir, je sens bien, disait-elle,
« Que tu dois m’oublier… et que je suis moins belle. »
En vain de son amant elle aimait le bonheur,
Elle eût voulu remplir elle seule son cœur.
Le temps pouvait un jour guérir cette blessure,
Eudoxe impatient crut la ruse plus sûre :
Il se feignit aveugle. Il disait que ses yeux
N’avaient pu supporter un ciel trop radieux,
Qu’ils s’étaient refermés, et qu’une nuit profonde
Lui cachait à jamais le spectacle du monde.
Il se feignit aveugle, et la tranquillité,
Rentra dans un amour par l’amour agité.