Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/169

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Réduisit la matière à sa morne valeur :
Et des nombres, flétris par des tours de jongleur,
Proscrivant hardiment la doctrine insensée,
Il chercha le Très-Haut dans sa propre pensée.
Jetant, pour ainsi dire, un pont surnaturel,
Entre sa conscience et l’Être universel,
Il alla demander si le monde sensible
N’était point un reflet du monde intelligible,
Une idée en relief de son splendide auteur,
Une cire mortelle, où le doigt créateur,
Pour en juger la force, attachait son empreinte.
Aux lois de la matière étroitement contrainte,
L’existence de l’homme en a l’infirmité.
Incapable de calme et de stabilité,
L’être matériel, remuant par faiblesse,
S’élève, tombe et meurt, renaît, et meurt sans cesse.
A chaque mouvement, toujours nouveaux rapports :
Et l’homme interrompu se perd dans ses efforts.
Tout ce qu’il croit toucher est prompt à disparaître :
Il ne peut donc rien voir, rien saisir, rien connaître,
Sinon que Dieu., pour lui, gardant la vérité,
Laisse la vraisemblance à sa fragilité.

XIV.
A partir de ce point, on change encor de route :
La science vacille, et devient l’art du doute.