Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/190

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Aux tréteaux de Brunei vous courez emprunter
Des mots, qu’un dieu de goût ne saurait répéter.
Sans règles et sans frein, votre génie habille
Melpomène en soutane, et Thalie en guenille.
Thalie est sans pudeur, et ses ris indécents
Feraient rougir les dieux… s’ils étaient innocents.

LE SIÈCLE.
Melpomène est prêcheuse, et sa sœur, je l’avoue,
Conseille, en les montrant, les vices qu’elle joue.
Je sais que, du public méprisant les clameurs,
Elle épargne un ministre, et déprave les mœurs :
Que cette muse enfin, grossièrement folâtre,
Passe par la police, en allant au théâtre,
Et, comme ces rois francs au cloître condamnés,
Livre à d’obscurs ciseaux ses cheveux profanés.
Mais pourquoi l’accuser ? accusez la censure,
Le tribunal secret de la littérature.
Quand le vice, tremblant de se voir réformer,
Condamne Aristophane à se faire imprimer :
Quand on met à l’index le rire de Molière,
On fait Le Coin De Rue, ou bien La Cuisinière,
Que voulez-vous qu’on fasse ?

MERCURE.
On né fait rien du tout.
Cette pauvre censure, on la trouve partout,
Taillant un arbre à droite, et le rasant à gauche !
Quenepeut-elleau moins, puisqu’ilfautqu’ellcfauchc,
Du fer dont elle abuse élaguer vos romans,