Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/195

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Et sauront, aux limiers d’un obscur sanhédrin,
Ravir des droits du peuple un lambeau souverain.

MERCURE.
Amen. Je les admire, on ne peut davantage :
Quand ils seront anciens, j’irai leur rendre hommage ;
On ne doit pas chanter ceux qui ne sont pas morts.
Si vous me condamnez, choisissez mieux mes torts.
Je regrette sans doute un passé que j’estime ;
Mais qui m’a jamais vu caresser d’une rime
Ces classiques jurés, ces Phœbus de salons,
Qu’on voit, dans tous les sens, marcher à reculons ?
M’entendez-vous parler de monsieur trois étoiles,
Dont la muse marine a quarante-six voiles,
Comme un navire, et va pourtant comme un canard ?
Ai-je, pour Massillon prenant quelque bavard,
Cru, dans Hermopolis, en retrouver la trace ?

LE SIÈCLE.
Je ne t’accuse pas d’aimer les gens en place ;
Je me plains seulement qu’une divinité,
Qui connaît ses devoirs envers l’humanité,
Un dieu du côté gauche, un dieu philosophique,
Préfère à nos parfums l’encens soporifique,
Que brûle de Dussault le classique encensoir.
Puis, vois-tu, ta critique a deux bancs pour s’asseoir :
Tu juges ce qu’on dit par la place où l’on siège,
Et, comme un vieux marquis, tu fais du privilège.
Si l’abbé Frayssinous était chef d’escadron