Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/239

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Tes songes seulement t’offriront mon image,
Et, quand mes bras furtifs berceront ton sommeil,
De peur de m’oublier, tu craindras le réveil ;
Heureux, lorsqu’entr’ouvrant tes paupières chagrines,
Tu verras la lumière errer sous tes courtines,
Si tu crois voir, mon ange, au lieu du jour nouveau,
Mon ombre blanche et triste effleurer ton rideau !
Promets donc que jamais notre lampe adorée,
Au lit d’un autre hymen, ne sera consacrée.
Je ne suis pas le seul qui soit fait pour t’aimer ;
Mais quel autre, après moi, pourrait la rallumer !
Quelle âme, avec la tienne, oserait se confondre !
Tu pleures, Béatrix !…

BÉATRIX.
N’est-ce pas vous répondre ?

Et l’ange, qui passait, peut-être a côté d’eux,
N’entendit rien de plus, en regagnant les cieux.

C’était l’heure, où l’amour, désarmé de ses craintes,
Abjure, humbleet brûlant, la rigueur de ses plaintes,
Où le reproche expire et meurt dans un baiser.
Oh ! si le jour revient, pour nous désabuser,
Pourquoi cette heure, hélas ! nous est-elle venue,