Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/251

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Et son sourire amer, que fronçait l’ironie,
Du formidable lac défiait l’harmonie.
Ce n’était pas pour elle en effet que ces flots
Agitaient sous les tours leurs remous de sanglots ;
C’est, au lieu de l’enfant et de sa tête blonde,
Son père qu’appelait l’humide glas de l’onde :
Et le vieillard mourut. Prompte à s’en séparer,
Sa fille, qu’il aimait, prit le deuil sans pleurer :
Quand on connaît la mort, on la voit sans alarmes.
Hivor, pour l’excuser, sut retenir ses larmes.

XII.
Tout d’elle avait changé, son esprit et ses traits.
Ce n’était plus la vierge, aux yeux purs et discrets,
Dont le regard voilé sous le nôtre s’abaisse,
Comme le mimosa qu’effraie une caresse :
Un trouble curieux les relevait toujours.
Sa rougeur autrefois achevait ses discours ;
Craignant moins aujourd’hui de trahir sa faiblesse,
Moins de virginité parlait dans sa tendresse,
Et son air d’abandon, sa coquette pudeur,
Accusaient les secrets d’une nouvelle ardeur.
De sa dolente voix la mielleuse paresse
Agaçait le désir qu’exprimait sa mollesse.
On eût dit, à la voir, que sa morne beauté
Avait, pour refleurir, besoin de volupté.