Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/287

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Semblera, comme un astrc embelli par ta peine,
Balancer les rayons de sa tête de reine,
Pensera-t-elle à toi, qui ne la verras pas !
Et qui, dans cette foule interdite à tes pas,
Qui, s’il songe à ta mort, se souviendra de dire
Que tu ne valais pas la perle qu’il admire ?
Oh ! malheur au bijou, si chèrement porté,
Qu’une existence d’homme achète à la beauté,
Et pour qui l’Océan s’amuse d’une vie,
Comme les aquilons d’une goutte de pluie !

Mais tu n’es pas le seul, indigent conquérant,
Qu’on voie aller, si loin d’un monde indifférent,
Pour glaner des joyaux, récolter l’agonie.
ÎS’est-il pas comme toi, celui dont le génie
Plonge, pour nous instruire au fond des passions,
Ou qui, dans les tombeaux des vieilles nations,
Poursuivant à grands frais quelque heureuse richesse,
En revient décorer notre avare paresse’?
N’est-il pas comme toi, le poète ignoré,
Qui, dans sa sphère à part végétant inspire,
D’une cour sans sujets monarque solitaire,
Sème, sans en jouir, ses perles sur la terre.
Il consume sa vie à son propre tlambeau :
Sa clarté ne lui sert, qu’à mieux voir son tombeau.