Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/306

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Dont ce globe aimanté soit l’unique domaine :
Et qui, par tous les sens, attaquant l’âme humaine,
Nous prodigue des mots, faciles à chercher,
Qu’on puisse entendre, voir, respirer et toucher ?

Eh ! qui le sait, si Dieu n’a pas, sous nos bocages,
De nos moindres désirs dispersé les images :
Si, choisissant pour eux un écho dans les fleurs,
On ne se répond pas, en mêlant leurs couleurs !
Firmament végétal, qui sait si nos parterres
N’ont pas, exprès pour nous, combinant leurs mystères,
Sur l’émeraude, éparseen tapis transparent,
Brodé de nos secrets un miroir odorant,
Un livre où, chaque jour, les âmes, qu’on oppresse,
Peuvent, sans en souffrir, feuilleter leur détresse :
Où voyant le chagrin, qui doute de guérir,
Aussi prompt à passer, que l’espoir à mourir,
Le cœur également de tous deux se défie,
Et se laisse gagner par la philosophie !
Étudions tous deux, aux pages des jardins,
L’horocospe embaumé, qu’y sèment les destins.
De la nuit autrefois interrogeant les voiles,
Le sage y déchiffrait l’énigme des étoiles :
Essayons son savoir sur un autre horizon ;
Épelons à nos pieds notre ciel de gazon,
Et des astres lointains négligeant la magie,
En regardant les fleurs, changeons d’astrologie.