Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/308

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A chaque pas qu’on fait, la féerie indigène
D’une moisson, qui parle, y damasse la plaine.

Les fortunés climats, où l’âme, avec candeur,
Exprime des vallons l’innocente splendeur !
Là, comme un luth riant, l’agreste poésie
A tous les jeux du cœur mêle sa fantaisie.
L’homme, dont elle ombrage et garnit les chemins,
Voit jusqu’à sa mémoire éclore sous ses mains,
Récolte le génie, et négligent de gloire,
Laisse au printemps le soin d’écrire sou histoire.
Oh ! que ne vivons-nous sur ces bords ravissants,
Où la nature entière est un hymne d’encens,
Dont chacun peut traduire et nuancer l’hommage :
Où, comme la fauvette, une herbe a son ramage !

N’envions pas pourtant, sous nos brumes du Nord,
Ces vergers lumineux, où le ciel, sans effort,
A, mariant la grâce à l’éclat des miracles,
De sa bible féconde égrené les oracles.
Croyez-moi : ce poème, éloquent et vermeil,
Que dictent aux humains les rayons du soleil,
N’est fermé nulle part aux yeux de la pensée ;
Partout de ses conseils l’essence dispersée,
Pour prier, pour se plaindre, oublier, ou punir,
Sait, avec nos saisons, changer et rajeunir.
Oui, des plantes, partout, les groupes magnétiques,
Attquent, dans nos cœurs, des cordes sympathiques.