Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/310

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Ressaisir, en veillant, quelqu’un de ces prestiges,
Dont l’ange de la nuit dispose les prodiges,
Venez auprès de moi : je vous ferai revoir
Le songe trop tardif, qui ne vient que le soir.
La lyre sait tout bas, en avançant les heures,
Des sylphes engourdis éveiller les demeures,
Et de nos visions, qu’évoquent ses refrains,
Conduire la paresse à l’assaut des chagrins :
Venez ! je puis vous dire où ces subtils génies,
Loin des profanes yeux, dorment en colonies.
Leur vol consolateur, lorsque vous en aurez,
Emportera l’Ennui, que vous leur confirez,
Et soumettra bientôt vos maux les plus rebelles :
Raconter ses tourments, c’est leur donner des ailes.

Si l’Imprudence alors vous semble mendier
Sa retraite étourdie aux fleurs de l’amandier :
L’Hilarité moqueuse aimer la citronelle,
Et l’Extase enflammer la sainte giroselle :
Si vous voyez l’Orgueil sommeiller enfermé
Dans fa pourpre du lis, que Saint-Jacque a nommé :
La Douceur s’échapper des rideaux de la mauve,
Ou, quittant les grenats d’une hypocrite alcôve,
Du parjure safranjuir l’Infidélité :
Ne vous étonnez^plus que l’homme ait inventé
De’prêter à ces fleurs, au lieu de la parole,
Un reflet des esprits, que berce leur corolle.