Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/311

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Vous apprendrez ainsi comment l’Enchantement,
Sous la rouge ipomée, enveloppe un serment :
Pourquoi, l’Absence en deuil, ou le muet Veuvage,
Cherche au fond des forêts la bruyère sauvage :
Pourquoi, sans le savoir, tour à tour on chérit
L’osmonde qui s’afflige, ou l’armoise qui rit :
Pourquoi la Vérité, qu’attire la fougère,
Fuit du lobélia la nacre mensongère ;
La nature, en un mot, n’aura plus de secrets,
Et ses plus sourds échos seront tous indiscrets.

Ne quittez point mes pas : l’errante poésie,
De votre œil curieux conductrice choisie,
Veut, forçant leurs prisons, pour hâter leur retour,
De tous les dieux floraux composer votre cour :
Je ne crains pas les dieux, je n’ai peur que des hommes.
Ces frais linosiris, ces brillants chrysocomes,
Vous diront, Élisa, que, quand on doit vous voir,
Chaque instant de retard nous flétrit un espoir.
L’Impatience aussi, qui tremble et qui devine,
Meurtrit les boutons verts, que rompt la balsamine :
Avec la grenadille on accepte un aveu,
L’hortensia refuse, et l’aster dit adieu.
Gardant de nos tombeaux la froide citadelle,
Le Regret, à genoux, gémit dans l’asphodèle :
Le fier Dispensateur de l’immortalité,
Sur la riche amaranthe, étend sa royauté :