Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/350

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Avais-tu jamais vu les feux du tabernacle,
D’un tel excès d’amour éclairer le miracle ?



Malgré nos jours bruyants et nos plaisirs distraits,
Quelle âme ne fléchit devant tant de regrets ?
Quelle est l’âme d’acier dont la trempe y résiste !
Connaissez-vous au monde une voix assez triste,
Une lyre, assez morte aux bonheurs d’ici-bas,
Assez vivante aux pleurs <|uo Dieu n’épargne pas,
Des vers assez plaintifs, Maria, pour vous rendre
Ce respect de martyr au culte d’une cendre ?
Non, le plus doux langage est trop dur et trop froid ;
Maisqu’on se frappe au cœur ! c’est là qu’on le conçoit.
Une pitié sublime en émeut chaque fibre :
Et, tout muet qu’il est, le désespoir y vibre.
Loin de moi, Maria, de vouloir mesurer
A quel taux de douleurs vous pouvez aspirer !
Mais, pour les longs chagrins, pensez-vous qu’une femme
Ait assez de puissance, assez de vigueur d’âme ?
Croyez-vous, dites-moi, que chez un sexe enfant,
Qui se fait d’un cœur d’homme un hochet triomphant,
Qui, voltigeant sans césse au vent de ses caprices,
Oublie, avec les siens, nos plus purs sacrifices,
Croyez-vous qu’on rencontre, ou qu’on ait rencontré,
Un zèle de tristesse aussi désespéré ?