Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/356

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Quand on n’a pas vingt ans, lorsque plein d’assurance,
On voit briller la vie à travers l’espérance,
On place, au lieu d’étoile, en avant de son cours,
D’inconstants séraphins, qu’on cherche tous les jours.
Quelquefois on les voit ; maison est jeune, on passe,
Et le premier nuage, en glissant, les efface.
Plus tard, quand la souffrance a mûri notre cœur,
Sans qu’il ait, à la vaincre, épuisé sa vigueur,
Si le soir nous ramène, en rappelant l’aurore,
Un des anges mortels, que l’on rêvait encore,
Et qu’on aimait déjà, pour en avoir rêvé,
On l’accueille, on le traite en ami retrouvé,
Et ce bonheur nouveau, dont l’éclat se prolonge,
N’est qu’un tableau perdu, qui recomplète un songe.
Peut-être, dites-moi, qu’avant d’avoir vingt ans,
J’avais vu votre image autour de mon printemps !
Peut-être doriez-vous mes romans du jeune âge,
Et n’ai-je, en vous aimant, que retourné la page !
Quant à moi, c’est ainsi que j’explique, entre nous,
Ces liens inspirés, qui m’attachent à vous.
Oui, pour vous rencontrer, le ciel m’avait fait naître :
Vous viviez dans mon âmc, avant de me connaître.

Je n’étends pas plus loin mes chimères : je croi
Que l’amour aujourd’hui n’existe que pour moi.