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INSPIRATIONS DU SOIR

Comme un roi d’Orient, qui meurt dans son sérail,
Sous des festons de pourpre et sur un lit d’émail,
Tout radieux encor d’un luxe despotique,
Le jour, environné d’un deuil asiatique,
Se retire du monde, en versant, dans les airs,
L’éblouissant adieu de ses derniers éclairs.
Voyez comme, en tombant de l’urne des nuages,
Il vient d’un cercle d’or entourer nos feuillages :
Et sur les peupliers, qui serrent leurs rideaux,
Comme ce vieux clocher découpe ses créneaux,
Que jaunit du soleil la fuite occidentale !
Ces tissus de vapeurs, dont les flocons d’opale,
De leurs jeux irisés damassent l’horizon,
Ou d’une ombre qui court caressent le gazon :
Tous ces tons gradués, qu’invente la nature,
Vous ont fait, Maria, regretter la peinture !
Vous rougissez, cherchant vos pinceaux d’autrefois,
D’admirer seulement des yeux et de la voix !