Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/373

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En vain, pour obéir au cri de ma jeunesse,
J’ai, me faisant un jeu d’en aiguiser l’ivresse,
Fatigué mes désirs, en lassant ma vigueur :
Je ne connaissais rien à ces rages du cœur,
Dont l’incurable fièvre à présent me dévore ;
Et, veuve de plaisirs, mon âme est vierge encore.
O Dieu, livre-la-moi, toute pâle d’amour,
S’étonnant de mes pleurs, et pleurant à son tour :
Que je sente mes yeux, rassassiés de charmes,
Se fondre avec les siens, se mêler dans ses larmes !
Laisse-moi dans un mot, comme dans un baiser,
Presser tout le bonheur, que j’ai soif d’épuiser :
Laisse-moi, du vertige étouffant l’inclémence !
Avec ses vains remords étourdir ma démence,
Sur elle tout entière aspirant sa beauté,
Je veux sentir mon sang tarir de volupté :
Noyer mon âme en feu dans son âme ravie,
Me perdre, m’absorber, m’éteindre dans sa vie !
Il le faut : cet amour, qui nous fait tant souffrir,
Ne peut-il être heureux, au moins pour en mourir ?