Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/394

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Mon horizon terni prend un aspect vermeil,
Et ces accents sur moi font l’effet du soleil.
Je me retrouve heureux, comme j’avais cru l’être.
J’espère même encore, et cet espoir peut-être,
Échappé d’une voix qui parle à l’Éternel,
A quelque chose en lui qui tient moins du mortel.
Je suis sûr qu’attentive à tout ce qui supplie,
A ces pieux tributs la nature s’allie,
Et qu’un ange du ciel, surveillant ces accords,
Commande aux vents jaloux d’épargner leurs trésors.
Oui, je suis sûr qu’un ange interdit à la brise
D’emporter, loin de nous, les soupirs de l’église.
IIs glissent dans nos buis, dans les vagues du blé,
Et semblent, régnant seuls sur le monde troublé,
D’un souffle de prière agiter les feuillages.
L’incrédulité même y joint un cri d’hommages :
Quand Dieu passe, qui peut, s’armant de cécité,
En faveur du néant casser l’éternité !
Ce n’est pas que je croie à ces enfantillages,
Dont la fourbe mystique a broché, d’âge en âges,
Le canevas naïf de la foi des aïeux :
Tous les cultes mêlés n’en font qu’un à mes yeux.
Comme tous les rayons composent la lumière,
Tous les vœux des mortels ne sont qu’une prière :
C’est toujours la faiblesse, implorant un appui.
Qui n’en a pas besoin, et qui, dans son ennui,