Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/395

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N’importe sous quel nom, ne se fait pas d’idole ?
Moi, ma divinité, c’est tout ce qui console,
C’est tout ce qui m’émeut, ou me parle de vous.
Le besoin d’adorer fait fléchir mes genoux,
Et quand j’entends prier, ma voix involontaire
S’unit, comme la vôtre, aux ferveurs de la terre :
Quand j’entends l’Angelus, je sens qu’autour de moi,
Chacun cherche son ange, et moi, que je le voi.
Comme aux pieds de la V ierge une offrande embaumée,
Mon âme autour de vous s’exhale consumée.
Qui, dans ce monde, hélas ! peut aimer, sans prier ?
Parler de son amour, c’est déjà supplier.

Oh ! je vous en supplie : Une seconde encore,
Respirons ce parfum, qui des bois s’évapore,
Cette humide fraîcheur, qui sent l’obscurité,
Cette odeur de silence et de tranquillité.
Restez, et maintenant que la cloche nocturne
N’interrompt plus du soir le repos taciturne :
Maintenant, Maria, qu’avec ces bruits sacrés,
Mes rêves d’autrefois se sont tous retirés,
Entraînez ma pensée au-devant d’autres songes :
Même pour n’y pas croire, inventez des mensonges,
Mon amour un moment en fait des vérités.
Si\j’aime, auprès de vous, ces accents enchantés,
Qui font, au cœur vieilli, refleurir l’espérance,
C’est qu’en vous y mêlant je refais mon enfance,