Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/397

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Morte aussi, mon enfance, et ses belles journées,
Les songes qui brodaient mes fraîches matinées,
(Arcs-en-ciel d’un moment, dont les couleurs, hélas !
S’éparpillent en pluie, et laissent, sur nos pas,
Leurs zones de vapeurs se fondre goutte à goutte : )
Tous mes songes perdus, ramenés sur ma route,
Sur l’aile de ces bruits voltigent, en chantant :
Ce que Dieu m’a repris m’est rendu, quand j’entend.
Confident du passé, le son, lent ou rapide,
Réveille en nous des ans le cours trouble ou limpide :
Tout ce qu’on a pensé jadis, en écoutant,
Dans ce miroir plaintif reparaît existant.
On dirait qu’un Esprit, dont le vol nous soulage,
Suspend noire mémoire au clocher du village :
Et ses discours d’airain sembtent tous revenir
Ouvrir une cellule, où dort un souvenir.
Chacun d’eux, sur un point, touchant cet orgue intime,
Soulève dans la vie un écho oui l’exprime :
Et, comme absents des mers on voit les matelots,
Sur nos globes étroits relisant tous les Ilots,
Voguer, en un clin d’œil, du couchant à l’aurore,
Le cœur, sur une carte invisible et sonore,
Ressaisit son voyage, et, dans quelques instants,
Parcourt le labyrinthe et les circuits du temps.

Mes fleurs, que l’ouragan a si vite effeuillées,
De leur jeune incarnat renaissent émaillées :