Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/404

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Et cette ambition des soins de l’amitié,
Qui veut tout recevoir, pour rendre la moitié :
Un charme de douceur, qui cherche trop à plaire :
Une sincérité, que je crois exemplaire,
Mais qui, trompant l’oreille, en agaçant nos vœux,
Dérobe ses secrets derrière ses aveux :
Contre un mot qui vous blesse, un oubli de vengeance,
Qu’on prend pour du dédain coloré d’indulgence,
Et, lorsque par hasard vous daignez nous juger,
Moins d’adresse à guérir, que d’art pour affliger.
Jalouse avec orgueil du moindre privilège,
Vous voulez protéger, de peur qu’on vous protège,
Et tout tenir de vous, pour ne rien nous devoir :
Le bonheur, à vos yeux, prend les traits du pouvoir,
Et fière des succès, dont on vous environne,
Vous faisant préférer, sans préférer personne,
On vous voit, sans pitié, la première au combat,
Jouer mon avenir contre l’encens d’un fat.
Triste jeu, qui finit même avant la jeunesse !
Vous dépensez mes jours, en les risquant sans cesse ;
Et qu’aurez-vous gagné, quand ils seront perdus ?
Pour une âme de moins, un mensonge de plus.
Coquette ! Marra, pourquoi rester coquette ?
Après l’avoir brisé, penses-tu qu’on rachette
Un cœur comme le mien, qui vit d’oblation,
Dont toi seule es l’idole et la religion,