Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/410

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Qu’avez-vous éprouvé ? quelle secrète peine,
Sans ternir vos regards, en a mouillé l’ébène ?
Était-ce de ces maux, dont on cherche à mourir,
Et dont on ne guérit, qu’à force d’en souffrir ?
Maintenant qu’un péril ne paraît plus à craindre,
Initiez mes pleurs au bonheur de vous plaindre.
Quand une mort jalouse allait vous emporter,
Trouviez-vous que ce monde était triste à quitter ?
Pour y voir un adieu, votre avide paupière
Eût-elle, en se fermant, invoqué la lumière ?
D’un chagrin qui console imploriez-vous l’appui ?
Vous aurait-on pleurée alors comme aujourd’hui ?

Que vous êtes habile à ne jamais répondre !
Pourquoi mêlant vos jours, sans pou voir les confondre,
Perdre, à les embrouiller tant de peine et de soin ?
D’un voile astucieux vos traits ont-ils besoin :
Pensez-vous y jeter quelque charme suprême,
En faisant, autour d’eux, voltiger un problème ?
Quand il s’agit d’un cœur loyal et généreux,
Croyez-moi, tant d’adresse est un art dangereux.
Un homme à découvert, qui croit qu’on se déguise,
Finit par voir un crime, où manque la franchise ;
Son coup d’œil va plus loin que ce qu’on veut cacher :
Il ne s’occupe plus d’aimer, mais de chercher ;