Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/457

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Heureux, qui peut ainsi voir son terme avec joie !
Moi, comment saluer la fin que Dieu m’envoie,
Ce néant, sans repos, qui vient et que j’entend ?
Au ciel, ici, partout, le veuvage m’attend,
Ce veuvage, qui suit la mort de l’espérance.
Toi qui vas, Maria, prête à quitter la France,
Dans un trépas qui souffre, en partant, m’exiler,
Étourdis l’avenir, que je ne puis voiler ;
Garant mélodieux d’un amour sans rupture,
Redis-moi de cet air le musical augure.
Que je puisse du moins rêver, en l’écoutant,
Un hymen immortel sous mes nœuds d’un instant :
Sentir sous tes adieux refleurir tes promesses :
Et, rattachant de loin ma vie à tes caresses,
T’envoyer, sur des sons, mon âme à rassurer !
Attends-moi, Maria, je me meurs d’adorer :
Envoie à ma tristesse un ange qui t’ait vue,
Qui m’apporte ton ombre, à son vol suspendue :
Et qu’il retourne à toi, chargé, pour te tenter,
D’un songe de bonheur, où nous puissions rester !
Qu’il m’apporte un parfum de l’air où tu respires,
Un souffle de ta voix, un seul de tes sourires :
Et te redise, à toi, mes accents oubliés :
Attends-moi, Maria, pour mourir à tes piés.