Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/478

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De l’univers surpris veut-on lever le plans !
On se perd. Le voit-on, docile à nos élans,
Sous des traits enchantés condenser sa richesse !
Leur perfide splendeur étourdit la faiblesse :
Et flottant au hasard, comme un vaisseau vivant,
L’homme, d’un pôle à l’autre emporté par le vent,
Sombre dans l’infini, que son orgueil explore,
En jetant à l’abîme un cri qui s’évapore.

Des merveilles du monde épris dans ta beauté,
L’hymne de grâce, en vain sur mon luth arrêté,
Veut en fléchir le bronze hypocondre et rebelle :
Sous tes traits, Maria, la nature est trop belle.
En vain, quand je te vois, je veux l’interpréter :
J’ai besoin de te fuir, pour la représenter,
De chercher dans l’absence un voile qui rassure ;
Il faut, en te quittant, diviser ma lecture.
Je cours dans nos vallons, bondissant au hasard,
Aux éclairs du midi demander ton regard :
Voir dans cet arc qui vole en flammes nuancées,
La zone prismatique où tournent tes pensées.
Il n’est pas de vapeur, de nuage changeant,
Qui n’écrive ton nom, ou ton chiffre, en nageant :
Et je le lis encore au front de la pervenche,
Dont l’étoile, qui pleure, au bord du lac se penche :
Soupir ailé du soir, qui glisse dans les champs,
L’oiseau jette à ma lyre un écho de tes chants :