Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/498

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Aux adieux de mes vers imprime, en les lisant,
Ces tremblements du cœur, dont tu ris à présent :
Et qu’ils restent gravés dans ton âme chérie,
Comme un soupir mourant de mon idolâtrie,
Comme les derniers sons d’un luth abandonné,
Que je rends à tes mains, qui me l’avaient donné :
Qu’ils soient, comme un conseil émané de ma cendre,
Au seuil de l’avenir placés pour te défendre :
Et que mon ombre enfin, comme un vague sommeil,
S’entrelace à tes jours, sans ternir ton soleil !

Ces adieux, Maria, sont les derniers peut-être !
De ce monde, où tu vis, je me sens disparaître :
Un autre, où je vais seul, m’appelle, et j’y descends.
Oh ! jusqu’à ces pays, vides et repoussants,
Escortez-moi long-temps, comme un divin mirage,
Chers et doux souvenirs de mon pèlerinage.
Vapeurs du Grindelwald, ombres de la Gemmi,
Rapportez-moi le monde, où je n’ai pas gémi.
Couvent du Saint-Gothard, rends-moi cette cellule,
Témoin de tant de vœux, oubliés sans scrupule,
Où, par son zèle actif à la tombe envié,
J’étais fier de souffrir, pour valoir sa pitié :
Où, sans prévoir le fiel dont ma raison est ivre,
Je mourais dans ses bras, où je ne puis plus vivre.
Grottes, glaciers, déserts, lieux d’amour et d’orgueil,
Comme un temple d’hymen rouvrez-vous à mon deuil :