Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/504

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Dans les jardins du ciel fleurissent en silence ;
Mais, stérile en bienfaits, leur avare indolence
Ne me prodigue, à moi, que des rêves amers.
Sur le front de la nuit que j’ai lu de beaux vers,
Quand j’étais jeune ! hélas ! Je n’y sais plus rien lire
La lune, en argentant les cordes de ma lyre,
Ne peut y ranimer mes notes d’autrefois.
Maria cependant réclame encor ma voix :
Allons, ma lyre, allons ! ne lui sois pas rebelle.
Encor un chant d’amour, qui dise qu’elle est belle
Si tu peux murmurer, autre part qu’à ses piés,
Ces aveux des beaux jours, un instant oubliés,
Essaie : et que ton chant, sorti d’une âme morte,
Demain, comme mon ombre, erre autour de sa porte

Demain donc, Maria, ne va pas renvoyer
Ces vers, qui salùront ta fête et ton fover :
Ne pouvant plus, banni sur un frileux rivage,
A tes genoux aimés prosterner mon servage,
Écoute, dans ton cœur, résonner les accents,
Qui du barde exilé t’apporteront l’encens.
Tu n’y trouveras pas cette fraîcheur sonore,
Dont la muse, au printemps, se parfume et se dore
L’exil m’a bien changé ! mes mots d’amour si doux,
Je ne les trouve plus ; mais je te les dis tous.
Oui, dans mon âme encor, j’en redis le rosaire :
Leur flamme peut pâlir au froid de ma misère ;