Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/510

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Je puis veiller le mieux à sa félicité :
Et, dans les plis obscurs qu’y fait l’adversité,
Porter, comme les feux d’une lampe soigneuse,
L’éclair d’une pensée ardente et lumineuse.
Que si tu peux trouver, dans ce monde flétri,
Un cœur plus dévoué, que le mien n’est meurtri,
Va chercher, sous sa garde, une route meilleure :
J’en jouirai peut-être… à moins que je n’en meure.

Je te souhaite heureuse, et le dis en pleurant ;
Défends-moi, Maria, ces retours déchirant.
Assez de vers plaintifs, éclos de ma tristesse,
De leur crêpe sonore ont voilé ta jeunesse.
En présence du jour, qui dément le destin,
Faut-il, des chants du soir affligeant le matin,
Oublier nos bouquets, pour compter des épines ?
Non : tes chagrins, un jour, tomberont en ruines,
Et l’or des violiers saura, sur leurs débris,
Nuancer les sillons de tes jours refleuris.
Que n’y puis-je ajouter les fleurs que tu demandes,
Et, t’envoyant l’espoir, caché sous leurs guirlandes,
Voir de loin tous les biens, qu’expriment leurs couleurs*
Pour égayer tes yeux se pencher sur tes pleurs !
Mais leur fragile éclat ne voit pas deux journées :
Les plus belles, hélas ! t’armeraient fanées.
En connais-tu quelqu’une, inconnue aux savants,
Que n’inquiète pas la rudesse des vents,