Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/519

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

La foudre, avec des rocs, combattant dans les airs :
L’immobile dédain de ces rois des hivers,
Qui gardent, sans broncher, leurs couronnes percluses
Ces lacs brumeux du ciel, qui, rompant leurs écluses,
Dans les torrents gonflés précipitent leurs eaux :
Le globe qui pantèle aux ressacs du chaos :
Quel imposant concert de sublimes spectacles !
Mais que l’âme y surprend de terribles oracles,
Quand, quittant nos foyers pour visiter ces bords,
Le ciel enchaîne ainsi nos curieux efforts !
On dirait que Dieu même, éveillant le déluge,
Commande à ses fléaux d’arrêter le transfuge :
Et, fermant les chemins où nous voulions passer,
Le déluge accouru nous défend d’avancer.

Alarmés malgré nous de ces vagues présages,
Qui font taire souvent la raison des plus sages,
Nous écoutions tous deux, avec anxiéié,
Mugir autour de nous le vallon révolté,
Et de ses grains, armés de turbulents messages,
La grêle prophétique agacer nos vitrages.
De nos rêves fleuris nous nous parlions en vain,
De nos projets du jour, de ceux du lendemain :
Le bruit de la tourmente étouffait l’espérance ;
Et, songeant aux ennuis qui l’attendaient en France,