Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/526

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Ecoutez-moi.

G. TELL.
Tout dégouttant de sang, Peux-tu bien demander place dans ma cabane’4 Ces murs ne veulent pas d’hôte qui les profane. Au nom de quel malheur, viens-tu poser le pié Sur mon seuil d’honnête homme : et qu’y veux-tu ?
J. D’AUTRICHE.
Pitié.
Près de vous, plus qu’ailleurs, j’espérais un refuge. Vous avez pris aussi la vengeance pour juge…
G. TELL.
M’oscs-tu par hasard comparer avec toi ?
D’un sicaire en démence as-tu vu quelque loi
De ton fils, par tes mains, menacer la faiblesse,
Et confier sa vie aux hasards de l’adresse ?
Étais-tu père, époux ? Tu n’avais point d’enfants !
Tu n’as jamais connu les droits que je défends,
La paix, la sainteté du foyer domestique !
Voulais-tu relever l’égalité publique,
Prévenir la terreur, la ruine des tiens,
Et sur un sol plus pur rasseoir des citoyens ?
Jamais. C’était pour toi, que s’armait ta furie :
Tu n’as vu que toi seul où j’ai vu la patrie.
J’ai vengé la nature : et toi, tu t’es vengé.
Moi, j’ai puni, bourreau : toi, tu n’as qu’égorgé !
Va-t’en !