Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/540

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Je comprends mal d’ailleurs vos sensibilités.
Qu’un prince, associant un spectre à sa carrière,
Se cuirasse le cœur du froid de sa poussière,
Et mette un demi-siècle à gagner son trépas :
Toute ma sympathie entre dans ses combats ;
Aucun nuage impur, voilant ce deuil si sombre,
Entre nous et nos pleurs ne vient jeter son ombre.
Ici rien ne fléchit, rien n’attendrit mes vers :
C’est qu’en me retraçant les maux qu’elle a soufferts,
Quelqu’un gémit pour moi plus haut que Gabrielle :
C’est son sauvage époux. Pourquoi le prenait-elle ?
C’était l’ordre du sort, par le devoir dictéî
Je ne sais de destin que notre volonté.
Hommeou femme, on ne fait que ce que l’on veutfaire :
Et le parti qu’on prend est celui qu’on préfère.
Qui se mêle d’aimer doit apprendre à souffrir,
Et l’on est toujours libre alors qu’on peut mourir.
Des pleurs de Gabrielle il se peut qu’on frissonne :
C’est qu’auprès de ses maux vous ne voyez personne ;
Mais, moi, j’y vois Fayel. Vous songez à Coucy !
Mais de son pâle amour, moi, je n’ai nul souci.
Je garde ma pitié pour celui qu’on diffame,
Et je songe à l’époux un peu plus qu’à la femme.

Que Dieu tienne, s’il veut, compte d’un cœur navré ;
Mais que m’importe, à moi, qu’elle ait beaucoup pleuré !