Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/542

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Je conçois que la liai ne arrive à ces horreurs,
Dont la fable en démence inventa les fureurs :
Qu’une équité féroce, aveugle ou pervertie,
Dépasse, en l’imitant, le forfait qu’on châtie,
Et puisse, au dieu de chair qui veut nous dévorer,
Jeter, crime pour crime, un cœur à dévorer.
Atroce ou non, mon âme épouse cette rage :
La coupe de Fayel est digne de l’outrage.

Le monde des salons comprend peu ces amours,
Dont la moindre étincelle incendirait vos jours !
Moi, poète des bois, que le désert console,
J’admire plus Fayel que celle qu’il immole
Car, sans l’avoir donnée, on peut peser la mort.
Je sais ce qu’elle vaut, je sais combien le sort
Fait payer la vengeance à celui qui se venge,
Et le nombre de pleurs, qu’il exige en échange.
J’admirerais Fayel, le front sur le billot !
Mais cette femme aimait, comme on aime là-haut :
Sanctifiant sa faute, elle a su, toujours pure,
En lui restant hdèle, honorer son parjure.
Elle aimait ! et votre âme a trop peu de ses traits,
Pour que mes yeux brûlés n’aient pas, dans leurs regrets,
Une larme à mêler au fiel de ma satire :
Célébrer son amour, c’est encor vous maudire.