Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/568

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Énigme du chagrin, que vous êtes bizarre !
C’est avec du poison que le mal se répare.
De l’âme et de l’esprit dérangeant l’horizon,
Le poids de la folie entraîne la raison !
Une goutte de mort rétablit l’équilibre,
Et, captif relevé, l’esclave devient libre.
En vain tout a changé de forme et de pivot,
Le sommeil tient toujours son sceptre de pavot.
Trésors d’intelligence, émanés d’une plante !
Qu’on en mêle à mon sang la sève nonchalante :
Je retrouve ma vie, en la sentant finir,
Et, du monde échappé, je meurs pour rajeunir !
Je meurs, ou je renais ; je ne sais : mais je rêve,
Et mon esprit flottant, que le poison soulève,
Empruntant au sommeil un vol inattendu,
Remonte vers le ciel, dont j’étais descendu.

Ce n’est plus aujourd’hui ce séjour d’espérance,
Que fonde la jeunesse avec tant d’assurance,
Capricieux Éden, encore inhabité,
Où le vrai s’entremêle à l’idéalité,