Page:Lefranc - Hélène de Tournon. Celle qui mourut d'amour et l'Ophélie d'Hamlet, 1926.pdf/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

accompagner la princesse, savait le désir qu’avait Marguerite de s’éloigner de Paris à tout prix. Il imagina aussitôt de dire tout bas au frère du roi : « Monsieur, si la reine de Navarre pouvait feindre avoir quelque mal à quoi les eaux de Spa, où va Mme la princesse de La Roche-sur-Yon, pussent servir, cela viendrait bien à propos pour votre entreprise de Flandre, où elle pourrait frapper un grand coup. » Un petit complot s’organisa séance tenante, dont le résultat final fut l’acceptation de Catherine et du roi, qui donnèrent à Marguerite le congé tant souhaité.

Quelques jours plus tard, la reine de Navarre se mettait en route pour « les Flandres », dûment pourvue des instructions du duc son frère. Elle était accompagnée, d’après le témoignage de ses Mémoires, de la princesse de La Roche-sur-Yon, de Mme de Tournon, sa dame d’honneur, de Mme de Mouy de Picardie, de Mme la castellane de Milan[1], de Mlle d’Atrie, de Mlle de Tournon, fille de sa dame d’honneur, et de sept ou huit autres « filles ». Du côté des hommes, la reine cite le cardinal de Lenoncourt, l’évêque de Langres, M. de Mouy, puis son premier maître d’hôtel, ses premiers écuyers et divers autres gentilshommes de sa maison. « Cette compagnie, observe la jeune reine, plut tant aux étrangers qui la virent et la trouvèrent si leste, qu’ils en eurent la France en beaucoup plus d’admiration. »

Marguerite ouvrait la marche dans une superbe litière toute vitrée, faite à piliers doublés de velours incarnadin d’Espagne, en broderie d’or et de soie,

  1. L’édition de 1628 porte : la Castelaine de Millon.
9