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esprouver la mort qui, d’une seule fois, n’eust assez puny son ingratitude.

Ce triste office estant achevé, me voyant en une compagnie estrangere, je ne voulois l’ennuyer de la tristesse que je ressentois de la perte d’une si honneste fille ; et estant conviée ou par l’Evesque (dit sa Grace), ou par ses chanoines d’aller en festin en diverses maisons et divers jardins, comme il y en a dans la ville et dehors de très beaux, j’y allay tous les jours, accompagnée de l’Evesque, et de Dames et Seigneurs estrangers, comme j’ay dit, lesquels venoient tous les matins en ma chambre pour m’accompagner au jardin où j’allois prendre mon eau ; car il faut la prendre en se promenant[1].



III



Tel est l’émouvant récit que nous offrent les Mémoires de la reine de Navarre. Il nous reste maintenant à en faire connaître les acteurs et à montrer que cet épisode si caractéristique a trouvé, au cours d’un chef-d’œuvre de la littérature dramatique, un écho certain qui lui assure une place unique entre toutes les histoires d’amour des temps modernes.

Présentons d’abord Mme Claude ou Claudine

  1. On a sans doute remarqué au passage, dans ce récit, la présence de plusieurs alexandrins fort bien venus.
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