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CHAPITRE XIV

MES DÉBUTS AU COLLÈGE DE FRANCE


Nous avons plusieurs patries. D’abord la grande, l’alma parens, celle qui réunit dans son sein tous les fils de la même race, tous les rejetons du même sol, tous les enfants qui parlent la même langue.

Vient ensuite la seconde, la ville natale. Pour moi, si je suis Français jusqu’au fond de l’âme, je me sens Parisien jusque dans la moelle des os.

Vient enfin la troisième, qui n’existe que pour quelques privilégiés, la maison. Tout civilisés qu’ils se proclament, la plupart des hommes d’aujourd’hui sont des nomades. Emportés ici et là par leurs passions par leurs intérêts, ils promènent leur vie de pays en pays, de ville en ville, de quartier en quartier, de rue en rue ; leur logis est une tente.

J’ai été plus heureux.