Page:Leibniz - Die philosophischen Schriften hg. Gerhardt Band 3.djvu/367

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
355
Leibniz an Lady Masham

cette cause n’estoit infiniment puissante et prévoyante, pour se repandre sur toutes choses avec tant de justesse.

Mais qui plus est, (7) supposé que les choses ordinaires se doivent faire naturellement, et non par miracle, il semble qu’on peut dire, qu’après cela mon Hypothese est demonstrée. Car les deux autres Hypothèses recourent nécessairement au miracle comme je viens de monstrer n. 5. Et l’on ne sauroit trouver d’autres hypothèses que ces trois en tout. Car ou les loix des corps et des ames sont troublées, ou bien elles se conservent. Si ces loix sont troublées (ce qui ne peut manquer de venir de quelque chose de dehors), il faut ou que l’une de ces deux choses trouble l’autre, ce qui est l’Hypothese de l’influence, qui est vulgaire dans les Eco- les ; ou que ce soit un tiers qui les trouble, c’est à dire Dieu, dans l’Hypothese des Occasionnelles. Mais enfin si les Loix des Ames et des Corps se conservent sans estre troublées, c’est l’Hypothese de l’Harmonie préétablie, qui est par conséquent la seule naturelle.

(8) Cette preference qu’on doit donner au naturel, par dessus le mi- raculeux dans les rencontres ordinaires de la nature dont je crois que tous les philosophes (excepté quelques Demifanatiques comme Fludd dans sa philosophie Mosaïque) sont convenus jusqu’icy ; cette preference, dis-je, est cause aussi, que je tiens que ce n’est pas la matière qui pense, mais un Estre simple et à part soy ou indépendant joint à la matière. Il est vray que l’illustre Mons. Locke a soutenu dans son excellent Essay, et en écri¬ vant contre feu M. l’Evéque de Worcester, que Dieu pourroit donner à la matière la force de penser, parcequ’il peut faire ce qui passe tout ce que nous pouvons concevoir : mais ce seroit donc par un miracle continuel que la matière penseroit, rien estant dans la matière en elle même, c’est à dire dans l’étendue et impénétrabilité, d’où la pensée pourroit estre dé- duite, ou sur quoy elle pourroit estre fondée. On peut donc dire que l’immortalité naturelle de l’ame est demonstrée, et qu’on ne sau- roit soutenir son extinction, qu’en soutenant un miracle, soit en attribuant à la matière une force de penser, receue et entretenue miraculeuse- ment, en quel cas l’ame pourroit périr par la cessation du miracle, soit en voulant que la substance qui pense, distincte du corps, soit annihilée, ce qui seroit encor miraculeux, mais par un miracle nouveau. Or je dis que Dieu, dans ce cas là de la matière pensante, devroit non seulement donner la capacité de penser à la matière, mais encor l’y entretenir