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fflemonb an Setbnig.

M. le Clerc dans sa derniere lettre, après m’avoir parlé avec de grands eloges de M. Cudworth et avec beaucoup de tendresse de ces Natures Plastiques, me parle d’Henry Morus, ami particulier de M. Cudworth, comme d’un visionnaire. Quand mon relieur m’aura apporté ses ouvrages, je verrai ce qui en est ou plustost ce qui m’en semblera. Le titre de visionnaire se donne souvent à des gens qui à la rigueur ne le meriteroient pas.

Apres tout ces Anglois ont leur merite, quoique inférieurs au chancelier Bacon qui me paroit avoir été un grand genie et du premier ordre.

Madame a été extrêmement touchée de la perte qu’elle a faitte à la mort de la princesse Sophie. J’avois conçu une haute estime pour son merite par le gout extraordinaire et par la grande confiance qu’elle avoit pour vous. Elle honnoroit son sieole et l’attachement sincere que vous aviez pour elle, l’honnoroit encore davantage. Il y a ici un Allemand, bon et honnete homme, de vos amis et qui compte d’avoir bientôt l’avantage de vous voir è Hanover ou à Wolfenbute ! . J’aurai l’honneur de vous écrire par lui et de vous instruire exactement de ce qui regarde les lettres et les gens de lettres de ce pays cy. Permettez moi seulement de vous parler avec toute la liberté d’un philosophe et toute la confiance d’un ami et comme si j’avois l’honneur de vous entretenir dans votre cabinet.

Mais cette paix si heureuse ne vous donneroit elle pas envie de venir faire un tour dans un pays où vostre merite est si reconnu ? Sans l’aversion invincible que j’ai pour les pays septentrionaux et pour le froid, ennemi de la nature, ennemi mortel de toute nature delicate et qui m’a presque rendu Manichéen, ce que n’auroient jamais pu faire les argumens de M. Bayle, j’irois assurément en Allemagne pour y voir un homme dont un quart d’heure de conversation me donneroit plus de plaisir que ne paroit m’en donner le soleil de l’Italie. Si vous saviez combien j’aime le soleil, vous sentiriez toute la force de mon admiration et toute la vivacité des désirs qu’elle m’inspire.

Je vous supplie de me pardonner la longueur de ma lettre et l’ennui qu’elle vous aura donné. Cependant je finis encore malgré moi en vous faisant mille remerciemens très humbles de la part de M. l’abbé Conti et de M. l’abbé Fraguier qui sont très sensibles à l’honneur de votre sou¬