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666 - Rémond de Montmort à Leibniz.

Beilage.

Der Brief Remond's de Montmort und dir verfpätete Antwort Leibnizens mögen hier eingeschaltet werden.


Remond[1] de Montmort à Leibniz.

A Paris ce 10 fév. 1714.

Il y a une fatalité étonnante pour que vous receviez ni les lettres ni les livres que j'ai l’honneur de vous envoyer. Dans le temps de la 1ère édition de mon livre Essai d’Analyse sur les jeux de hasard, M. l’abbé Bignon eut la bonté de se charger d’un Exemplaire pour vous et d’une lettre. Je sais que ni l’un ni l’autre ne vous ont été rendus. II y a environ six mois que je remis à mon frère un exemplaire de la nouvelle édition de ce livre avec une lettre. Il me dit hier que vous ne les aviez point reçus, quoiqu’il eut pris une voie qui lui paraissait sûre. Il l’a donné à un Gentilhomme Allemand, homme connu, qui allait à Vienne et qui s’était aussi chargé d’un livre de M. l’abbé de St. Pierre. Mon frère m’a fait part de plusieurs lettres dont vous l’avez honoré. Je les ai lues avec l’admiration que j’ai pour tout ce qui vient de vous.

Il paraît depuis quelques jours un livre de Mme Dacier qui fait du bruit. Il a pour titre Causes de la corruption du Goût. Elle se propose dans cet ouvrage 1° de justifier Homère contre la Critique que M. de la Motte a faite de l’Iliade dans le discours qu’il a mis à la tête de ce Poème qu’il nous a donné en vers à sa manière ; 2° de faire voir que le Poème de M. de la Motte est infiniment au dessous de celui d’Homère ou plutôt qu’il ne vaut rien. Ce Poème de M. de la Motte n’a pas eu ici beaucoup de réputation, mais le discours a été regardé comme un chef d’œuvre soit pour la justesse de la Critique soit pour l’élégance du style. Je ne suis pas capable de juger des raisons de Mme Dacier, je vous dirai seulement qu’il y a partout un air dur et pédant qui dégoute le lecteur. M. de la Moite va répliquer et ne manquera pas de matière. M. l’abbé Terrasson, Philosophe, homme de belles lettres, et assez bon Géomètre, a sous la presse un livre en 3 vol, in 12, dans lequel il se propose d’établir des règles pour juger solidement des ouvrages d’esprit de tout genre. Il prétend démontrer que selon ces règles le fameux Poème du Divin

  1. Pierre Rémond de Montmort, le mathématicien, et non Nicolas-François Rémond, son frère, chef des Conseils du duc d'Orléans, auteur des lettres précédentes et suivantes.