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XCIV

t-il rendre compte ? Excès d’idéalisme, ou matérialisme extrême, des deux côtés l’erreur est égale. Si c’est une pure abstraction, une idée, comme on l’a soutenu, quoi de moins réel et de plus insuffisant pour être la souree de toutes les âmes, et le canal de l’infini ? Ne sera-ce pas d’ailleurs le plus actif dissolvant des corps, une manière de faire évanouir l’univers en fluide, de repomper la substance des êtres ? Si c’est au contraire une sorte d’émanation ou de courant physique de la nature naturante, quel naturalisme et quelle dégradation de l’infini ! En vain l’on dit : c’est la forme infinie de l’éternelle matière. Cela veut dire : qu’il y a une matière préexistante qui revêt successivement toutes les formes. Et c’est un Cartésien, un partisan des explications mécaniques qui, dans un jargon barbare, parle de nature naturante et ramène le fléau de l’animisme dont son maître Descartes avait purgé la science !

La fiction d’un progrès à l’infini, sans cesse invoquée par Spinoza, ne fait que reculer les origines des choses, dont l’existence est ainsi rattachée à une série infinie de causes qui ne