Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/112

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  Bois-la. Puis dors après. Allons, tu vois, je reste,
  Et je dorloterai les rêves de ta sieste,
  Et tu chantonneras comme un enfant bercé.

  Midi sonne. De grâce, éloignez-vous, Madame.
  Il dort. C’est étonnant comme les pas de femme
  Résonnent au cerveau des pauvres malheureux.

  Midi sonne. J’ai fait arroser dans la chambre.
  Va, dors. L’espoir luit comme un caillou dans un creux.
  Ah ! quand refleuriront les roses de septembre ?

Comprenez-vous ? Quelle suite y a-t-il dans ces idées ? Quel lien entre ces phrases ? Qui est-ce qui parle ? Où cela se passe-t-il ? On ne sait pas d’abord. On sent seulement que cela est doux, tendre, triste, et que plusieurs vers sont exquis. Longtemps je n’ai pu comprendre ce sonnet — et je l’aimais pourtant. À force de le relire, voici ce que j’ai trouvé.

Midi, l’été. Le poète est entré dans un cabaret, au bord de la grand’route poudreuse, avec une femme, celle qui l’a accueilli après ses fautes et ses malheurs et dont il invoque si souvent les belles petites mains. La chaleur est accablante. Le poète a bu du vin bleu ; il est ivre, il est morne. Et alors il entend la voix de sa compagne. Que dit-elle ?

Ce qui rend le sonnet difficile à saisir, c’est que l’expression de sentiments assez clairs en eux-mêmes y est coupée de menus détails, très précis, mais dont on ne sait d’où ils viennent ni à quoi ils