Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/160

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m’attire peu. Il ne me paraît pas qu’il eût un très grand caractère. Il y a chez lui des prudences et des habiletés qui peuvent être légitimes, mais qui ne commandent point l’admiration. Enfin, dans les dernières années de sa vie, il poussait l’inconscience du ridicule jusqu’à un excès qui affligeait les esprits délicats.

Ah ! que j’aime mieux Lamartine, si brave, si fier, si naturellement héroïque, si désintéressé, si généreux, si fastueux, si imprudent ! Et comme la douloureuse vieillesse du pauvre grand homme me devient chère quand je songe à la vieillesse d’idole embaumée de son heureux rival ! — Et quant à Musset, je sais bien tout ce qu’on peut dire contre lui ; mais il a tant souffert ! Cette souffrance est si évidente et si vraie ! À ne regarder que les hommes, l’un me paraît plus noble que Hugo, l’autre plus malheureux, — et tous deux plus aimables.

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Ainsi — et ce point réservé que nul poète ne fut plus grand par l’imagination et par l’expression — sous quelque aspect que nous considérions Victor Hugo, nous lui voyons des égaux ou des supérieurs. Comment donc expliquer les témoignages uniques de vénération officielle dont il est l’objet ?

On ne le peut que par des raisons étrangères à la littérature.