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ALPHONSE DAUDET

L’IMMORTEL
(Premier article).


                                                16 juillet 1888.

Je tiens à dire, avant tout, que M. Alphonse Daudet n’a rien fait de plus brillant, de plus crépitant ni de plus amusant ; rien où l’observation des choses extérieures soit plus aiguë ni l’expression plus constamment inventée ; rien où il ait mieux réussi à mettre sa vision, ses nerfs, son inquiétude, son ironie… Un livre comme celui-là, c’est de la sensibilité accumulée et condensée, une bouteille de Leyde littéraire. Le plaisir qu’il vous fait est presque trop vif ; il s’y mêle un peu du malaise qu’on éprouve les jours d’orage ; on dirait, en feuilletant cette prose de névropathe, qu’il vous part des étincelles sous les doigts.