Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/230

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Ceci dit, et pour avoir le droit d’admirer tranquillement tout à l’heure, je commencerai par un paquet d’objections. Toutefois, il y en a une que tout le monde a faite et que je ne formule à mon tour que pour l’écarter aussitôt.

L’Immortel est un roman de mœurs parisiennes et en même temps une très violente satire de l’Académie. C’est là-dessus qu’on a réclamé. On a dit, ou à peu près :

— Voilà qui est, en vérité, bien outré et bien peu philosophique ; et l’Académie inspire à M. Alphonse Daudet des moqueries, des colères et des indignations singulièrement disproportionnées. Il y a, parmi, les académiciens, des médiocres qui arrivent par le respect et parce qu’ils ne portent ombrage à personne ? Il y en a qui arrivent par l’intrigue, la flatterie, ou des influences de salons et des manèges féminins ? Mais quoi ! Cela se voit partout, même, il paraît, dans la politique. — Il y en a qui gardent le goût des femmes, voire des petites femmes, jusque dans un âge avancé ? C’est que les académiciens sont des hommes. — Il y en a qui sont laids ? C’est que la nature capricieuse n’a pas donné à tout le monde de noirs cheveux bouclés, un nez d’une fine courbure, de longs yeux, une tête charmante et toujours jeune de roi sarrasin. — Il y en a qui sont infirmes et cacochymes ? C’est que l’Académie ne garantit point contre les inconvénients de la vieillesse… Et encore ils sont bien trente sur quarante