Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/235

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qui veut lui plaire, et peut faire par là beaucoup de mal… S’ils avaient été préoccupés de la coupole, ni MM. Meilhac et Halévy n’auraient fait la Grande Duchesse, ni M. Zola n’aurait fait l’Assommoir, ni M. Daudet n’aurait fait l’Immortel

Il est certain qu’avec tout cela, on l’aime, cette risible Académie, et que les plus fiers et les plus révoltés finissent souvent par lui faire amende honorable. Pourquoi ? Oh ! tout simplement parce qu’elle assure ceux qu’elle choisit de leur propre mérite, qu’elle le garantit solennellement, que parfois même elle l’apprend au public qui l’ignorait ; parce qu’elle donne de la considération, de l’importance, des galons, un chapeau, une épée. Mais, au fond, cela ne fait guère honneur à l’humanité ; cela montre combien nous sommes faibles et vaniteux. Que dis-je ? L’Académie est une institution radicalement immorale, puisqu’elle n’ajoute rien au vrai mérite et qu’elle en donne les apparences à l’intrigue ou à la médiocrité. Peuple ! elle te trompe, car sa fonction affirme une compétence qu’elle ne peut avoir… (Je songe seulement que la compétence du gouvernement est encore plus contestable sur la même matière… et, comme on m’affirme que M. Alphonse Daudet est officier de la Légion-d’Honneur, pour ses livres, je médite douloureusement sur les inconséquences des âmes les mieux trempées.)

Tout ce que j’ai voulu dire au bout du compte, c’est qu’il y a quelque chose d’aussi outré, pour le