Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/237

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ter M. Zola en personne ; et ce romancier était fort, était généreux, était magnanime : une manière de bon Dieu ! De même le sculpteur Védrine. Il a tout : du génie, des vertus, une femme qui l’adore, des enfants d’une beauté merveilleuse. Il n’aime pas l’argent. Il transperce les hommes de son regard, il sonde les reins et les coeurs. Il morigène, il fustige, il stigmatise. Quelquefois aussi, il bénit. Du bateau où il croque des paysages, pendant que ses beaux enfants « pétris d’amour et de lumière » s’ébattent sur la rive, il tend ses mains de christ aux jeunes générations… Avec tout cela, je crois bien qu’il lui arrive de dire des sottises, — des sottises de rapin échauffé, d’artiste à grande barbe et à grands gestes. Le malheureux a conservé cette illusion, que c’est la faute de l’Université s’il n’y a pas plus d’esprits originaux en France, et qu’un professeur de rhétorique est un homme qui s’est donné pour tâche d’étouffer le génie chez les pauvres potaches confiés à ses soins. Écoutez-le parler du père Astier-Réhu : « Ah ! le saligaud, nous a-t-il assez raclés, épluchés, sarclés… Il y en avait qui résistaient au fer et à la bêche, mais le vieux s’acharnait des outils et des ongles, arrivait à nous faire tous propres et plats comme un banc d’école. Aussi regarde-les, ceux qui ont passé par ses mains, à part quelques révoltés comme Herscher qui, dans sa haine du convenu, tombe à l’excessif et à l’ignoble, comme moi qui dois à cette vieille bête mon goût du contourné, de l’exaspéré,