Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/244

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satisfait de sa manifestation et de tout ce qui s’en est suivi. « Eh bien, c’est une assez bonne pierre dans la mare aux grenouilles ! Ils en crient encore au bout d’un mois », a-t-il dit à l’un de ses compatriotes. Je songe là-dessus : « Croit-il donc avoir fait quelque chose de si héroïque, de si terrible et de si original ? » Et alors je ne suis pas fâché du bon tour que lui joue ce gros malin de M. Zola en rendant hommage à la tradition, juste au moment où ce méchant tsigane la piétine.

— Tsigane, lui ? cet homme dont le premier roman a été précisément couronné par l’Académie, cet écrivain de vie si bourgeoise et qui est notoirement un si bon père de famille ? — Tsigane, oui. D’abord, parce qu’il le dit. Ensuite, parce que je le crois. Tsigane à Nîmes, à Lyon ; tsigane à Paris, dans sa prime jeunesse.

Ainsi tout s’arrange, dès qu’on reconnaît au Romanichel qui vit toujours secrètement dans la peau de l’ancien Petit Chose le droit d’être un Romanichel. Ce qui m’embarrassait dans cette affaire, c’est que, sans rien perdre d’ailleurs de son grand talent, M. Alphonse Daudet avait été amené à nous révéler, dans l’Immortel, des sentiments, ou plutôt une disposition d’esprit, une philosophie générale, dont je me sens, pour ma part, fort éloigné. — Oui, ce qu’il y a au fond, dans ce roman anti-académique, c’est, comme l’a fait remarquer M. Ferdinand Brunetière, le mépris, la haine et peut-être l’inintelli-